Cycle irrégulier
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Cycle irrégulier
Règles irrégulières : quand faut-il s’inquiéter ?
Quelle femme n’a pas eu une fois dans sa vie un souci de règles ? Aucune bien sûr ! S’ils sont fréquents, des cycles irréguliers sont-ils pour autant bénins ? Plusieurs études semblent relier ce trouble à diverses maladies : diabète, maladies cardiovasculaires et ostéoporose. Le point avec le Dr Young, service d'endocrinologie et des maladies de la reproduction à l’Hôpital Bicêtre.
Des cycles irréguliers peuvent-ils être des signes annonciateurs de maladies futures ou peuvent-ils constituer des indicateurs de troubles du métabolisme ? Plusieurs études le laissent entendre…
Evaluer votre risque cardiovasculaire
L’équipe du Dr Careb Solomon a interrogé plus de 82 000 infirmières âgées de 20 à 35 ans en 1982. Pendant 14 ans de suivi, 1 417 femmes ont été victimes de maladies cardiovasculaires et 838 d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Au vu des résultats les femmes ayant des règles irrégulières ont un risque accru de maladies cardiovasculaires de 25 % et celles ayant des cycles très irréguliers de 67 %. Par contre, aucun lien n’a été établi avec les AVC.
Selon le Dr Solomon, cette étude ne doit pas inquiéter inutilement les femmes qui présentent des cycles fluctuants. Néanmoins, elles peuvent demander à leur médecin d’évaluer leur risque cardiaque et envisager de perdre du poids en cas d’obésité.
Selon le Dr Jacques Young, du service d'endocrinologie et des maladies de la reproduction à l’Hôpital Bicêtre, "deux phénomènes pourraient expliquer ces résultats. D’une part, une forte proportion de femmes victimes de cycles irréguliers souffre d’une condition appelée syndrome des ovaires polykystiques, marquée par un niveau excessif d’hormones mâles. D’autre part, l’irrégularité des cycles peut traduire une carence en estrogènes, dont on connaît le rôle protecteur vis-à-vis des maladies cardiovasculaires".
Le syndrome des ovaires polykystiques serait relativement fréquent, affectant 5 à 10 % des femmes. Alors que certaines présentent des traits caractéristiques (hirsutisme, acné…), d’autres en sont exemptes. "Cette condition se caractérise également par une hyperinsulinémie (résistance à l’ effet de l’insuline), qui peut favoriser les maladies cardiovasculaires, l’obésité ou bien sûr le diabète".
Une prédisposition au diabète
Une étude menée en 2001 sur plus de 100 000 femmes avait permis d’identifier une augmentation du risque de développer un diabète de type 2 en cas de cycles supérieurs à 40 jours ou très irréguliers.
Ce risque est multiplié par 2,08 en moyenne et varie en fonction du poids : risque multiplié par 3,86 en cas d’obésité associée, 1,74 en cas de sur-poids et par 1,67 pour les femmes de poids normal.
Les femmes qui ont des cycles menstruels irréguliers auraient donc plus de chances de développer un diabète non insulinodépendant (type 2) et cela, quelle que soit leur situation pondérale. Selon le Dr Young, on a aujourd’hui tendance à considérer le syndrome des ovaires polykystiques comme un facteur de prédisposition au diabète, aux maladies cardiovasculaires ou à l’obésité. Ainsi, la prise en charge des patientes devrait à la fois toucher les aspects gynécologiques (troubles des règles, fertilité…) et métaboliques (diabète, hypertension, hypercholestérolémie...).
Règles irrégulières aujourd’hui, ostéoporose demain ?
Plus étonnant, l’irrégularité des cycles chez des femmes jeunes pourrait également prédire l’ostéoporose. L’étude du Pr. Nelson a concerné une cinquantaine de femmes diagnostiquées comme atteintes d’une insuffisance ovarienne prématurée (entraînant une ménopause précoce, donc un risque d’ostéoporose) entre septembre 2000 et juin 2001.
L’insuffisance ovarienne prématurée intervient quand les ovaires ne produisent plus d’ovules et que les hormones reproductives chutent avant la ménopause naturelle. Cet état concernerait 1 % des femmes de 40 ans.
Parmi les femmes interrogées, la plupart (92 %) ont rapporté une aménorrhée - absence de menstruations pendant trois mois ou plus - précédant le diagnostic de ménopause précoce. De plus, la majorité d’entre elles n’avaient pas considéré ce phénomène comme un réel problème de santé. Cette minimisation a contribué au retard de diagnostic.
"Parce que l’absence de certains cycles est assez commune chez les jeunes femmes, il est compréhensible que plus de la moitié de nos patientes ne se soient pas sentie concernées au premier chef" déclare le Pr. Nelson, "Mais le retard de diagnostic et de traitement de l’insuffisance ovarienne augmente pour ces femmes le risque de développer une ostéoporose dans les années suivantes".
Bien que la plupart des femmes connaissant une aménorrhée ne soient pas victimes d’insuffisance ovarienne prématurée, une proportion importante des identifications tardives auront déjà connu une perte osseuse pouvant favoriser des fractures. Une précédente étude du même auteur a ainsi évalué que 67 % des femmes nouvellement diagnostiquées avaient déjà développé une ostéopénie, c’est-à-dire un abaissement anormal de la masse osseuse sans symptômes apparents. On peut la considérer comme un facteur de risque ou plus volontiers comme le stade précoce de l’ostéoporose.
Rappelons que l'os subit un remaniement constant. Dans le cas d’une carence hormonale, un déséquilibre apparaît entre les phénomènes de reconstruction et de résorption au profit du dernier, les os étant ainsi fragilisés. L’ostéoporose intervient lorsque le capital osseux est trop faible ou la perte osseuse trop rapide.
"Ce phénomène est également assez fréquent chez les femmes minces avec des règles irrégulières ou absentes comme chez les sportives de haut niveau, qui toutes deux présentent un risque élevé de carences œstrogéniques" précise le Dr Young.
Quand faut-il s’inquiéter ?
Si les troubles du cycle sont fréquents, ils ne sont donc pas pour autant banals. "L’absence d’un cycle ne doit pas inquiéter. Dès que ce phénomène court sur deux cycles ou plus, la femme doit consulter. Souvent évoqués, le stress ou les contrariétés ne constituent jamais des raisons à un tel dysfonctionnement" précise le Dr Young.
Pourtant, il est relativement aisé de détecter un dysfonctionnement ovarien ou un syndrome des ovaires polykystiques. Selon le Dr Young, "L’exploration minimale comprend des dosages FSH, LH, oestradiol et prolactine. En fonction de ces examens de "débrouillage", d’autres pourront être nécessaires. Mieux vaut prévenir que guérir".
Le traitement du dysfonctionnement ovarien prématuré repose sur le remplacement des hormones manquantes : œstrogènes et progestérone.
David Bême
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